SCO 2025 à Tianjin : Xi, Poutine et Modi affichent une nouvelle alliance multipolaire

SCO 2025 à Tianjin : Xi, Poutine et Modi affichent une nouvelle alliance multipolaire

SCO 2025 à Tianjin : Xi, Poutine et Modi affichent une nouvelle alliance multipolaire

Un sommet qui dépasse la simple cérémonie

Du 31 août au 1er septembre 2025, la ville portuaire de Tianjin a accueilli la SCO, rassemblant plus de vingt chefs d’État et les dirigeants de dix organisations internationales. Au-delà du protocole habituel, les photographies du trio Xi‑Jinping, Vladimir Poutine et Narendra Modi, affichant des sourires larges et des accolades chaleureuses, ont fait le tour du monde. Ce n’est pas seulement un sourire de courtoisie : les échanges ont laissé entrevoir une réelle affinité politique.

Le discours d’ouverture de Xi a posé les jalons d’une coopération axée sur la stabilité régionale, la collaboration économique et une gouvernance « multipolaire ». Il a rappelé que les alliances traditionnelles, dominées par l’Occident, montrent leurs limites face aux défis climatiques, sécuritaires et technologiques. Cette tonalité a trouvé un écho immédiat chez les deux autres leaders, qui ont rapidement enchaîné des rencontres bilatérales intensives.

Conséquences géopolitiques et économiques

Sur le plan bilatéral, les discussions entre Poutine et Modi se sont déroulées dans la limousine Aurus du président russe, symbolisant une proximité inhabituelle. Poutine a qualifié Modi d’« ami cher », tandis que le Premier ministre indien a qualifié leur partenariat de « spécial et privilégié ». Ces échanges interviennent alors que New Delhi subit une pression croissante de Washington suite à l’achat d’huile russe et à de nouvelles sanctions tarifaires.

Modi, toutefois, a cherché à garder une certaine distance en appelant à la paix en Ukraine, rappelant que la communauté internationale doit œuvrer pour « une résolution rapide et durable ». Cette position équilibrée lui permet de préserver son autonomie stratégique tout en consolidant des liens plus étroits avec Moscou et Pékin.

Le sommet a débouché sur plusieurs textes majeurs. La Déclaration de Tianjin fixe une feuille de route jusqu’en 2035, couvrant la politique, l’économie, la sécurité et l’aide humanitaire. Le plus notable est la création d’une banque de développement de la SCO, pensée pour réduire la dépendance envers le FMI et la Banque mondiale, perçus comme des instruments de la domination occidentale.

Par ailleurs, les dirigeants ont condamné ce qu’ils ont désigné comme « génocide » à Gaza et ont réaffirmé leur engagement à soutenir les processus de paix en Afghanistan. Ces positions montrent que le groupe ne se contente pas de questions économiques : il veut aussi peser sur les grands dossiers de sécurité et de droits humains.

Après le sommet, Poutine s’est rendu à Pékin pour des entretiens approfondis avec Xi, abordant le commerce, la situation en Ukraine et les relations avec les États‑Unis. Xi a souligné la notion de « coopération stratégique globale », réaffirmant l’objectif de bâtir un « système de gouvernance mondiale plus juste et raisonnable ». Cette phrase est clairement une référence aux institutions comme l’ONU, le FMI ou la Banque mondiale, souvent critiquées pour leur manque de représentation des pays en développement.

Le calendrier qui suit le sommet renforce l’idée d’une alliance structurée. Poutine doit être honoré lors des commémorations du 80ᵉ anniversaire de la reddition du Japon, et il prévoit une visite en Inde en décembre pour le 23ᵉ sommet annuel Inde‑Russie. Ces déplacements s’inscrivent dans un schéma de soutien mutuel qui dépasse le cadre d’une simple cooperation économique.

En résumé, les images souriantes de Tianjin traduisent une dynamique nouvelle : une trinité qui se construit autour d’intérêts communs, d’une méfiance vis‑à‑vis de l’Occident et d’une volonté d’établir des institutions alternatives. La SCO ne se contente plus d’être un forum de discussion, elle se transforme en un véritable bloc de poids, capable de proposer des alternatives aux structures de gouvernance mondiales dominées par les pays occidentaux. Cette évolution marque un tournant décisif dans la reconfiguration du pouvoir mondial.

Écrire un commentaire

Les champs obligatoires sont marqués *