À Rio, je me sens belle : Anne-Claire Coudray raconte son amour pour le Brésil
Le 28 juillet 2025, Le Grand Continent publie un entretien saisissant intitulé « À Rio, je me sens belle », où Anne-Claire Coudray, journaliste emblématique de TF1, livre ses impressions les plus intimes sur le Brésil. Ce texte, issu de la série estivale « Grand Tour », n’est pas un simple récit de voyage. C’est une plongée dans l’âme d’un pays où le football est une religion, où le carnaval efface les douleurs, et où une Française, après plusieurs séjours, a fini par se sentir chez elle — à Rio.
Avant la Coupe du monde : une préparation en profondeur
Avant même que le monde ne se tourne vers le Maracanã, Anne-Claire Coudray y était déjà. En 2013, elle avait rejoint son équipe de production pour couvrir les villes hôtes de la Coupe du monde 2014. Rio, São Paulo, Manaus… chaque ville avait son histoire, ses rythmes, ses défis. C’était un travail de terrain, presque anthropologique. « On faisait comme pour la Russie avant 2018 », explique-t-elle. Des reportages sur les infrastructures, les habitants, les tensions sociales. Mais à Rio, quelque chose a changé. « C’était une ville qui se préparait à brûler de fierté. Et puis, elle a brûlé autre chose. »Le jour où le Brésil a pleuré
Le 8 juillet 2014, elle était au Maracanã. Son mari, qui travaille dans l’industrie du football, leur avait obtenu des places. « On savait que c’était un match historique. On ne savait pas que ce serait un drame national. » La défaite 1-7 du Brésil contre l’Allemagne a laissé une cicatrice. « C’était terrible, un véritable drame national. Je me suis dit qu’ils ne se remettraient jamais d’une telle humiliation. Et puis, finalement, le lendemain matin, on passe à autre chose. » Ce paradoxe, elle le répète avec émotion : la douleur est immense, mais la résilience est plus grande. « Les Brésiliens ne fuient pas la douleur. Ils la dansent. »Carnaval : une épreuve physique, une communion spirituelle
Elle a vécu le carnaval de Rio deux fois. La première fois, elle pensait que c’était une fête. La deuxième, elle a compris que c’était un rituel. « Il y a d’abord le carnaval officiel, puis les blocos dans chaque quartier. C’est une véritable épreuve physique. Il faut être en très bonne forme. » Elle décrit des nuits sans sommeil, des pieds en sang, des corps qui se fondent dans une même énergie. « Une fois qu’on a fait jusqu’au bout, on se fond dans le groupe. On atteint un niveau d’abnégation, d’abandon que je n’ai jamais vécu ailleurs. » Pour elle, ce n’est pas du divertissement. C’est une forme de spiritualité collective. « C’est une grande communion. »« À Rio, je me sens belle »
Cette phrase, qu’elle prononce à la fin de l’entretien, n’est pas un cliché. C’est une révélation. « Ce n’est pas seulement la plage, ni les collines, ni les couleurs. C’est l’air. La manière dont les gens se parlent, se regardent, se touchent. Même dans la foule, on se sent vu. » Elle revient à Rio chaque année, même quand ce n’est pas pour le football. Une fois, après la Coupe du monde, elle y est allée en vacances — un séjour de sept jours, rapporté par Gala.fr en 2014. « Je n’y vais pas pour voir des touristes. Je vais pour me retrouver. »Un pays où le foot est une religion — et une cicatrice
Le Brésil, dit-elle, vit le football comme une foi. « C’est une autre religion. » Les enfants apprennent à dribbler avant de marcher. Les grands-pères parlent de Pelé comme d’un prophète. Mais après 2014, quelque chose s’est déplacé. « Avant, le football était une fierté. Après, il est devenu une responsabilité. » Elle cite les jeunes joueurs de São Paulo qui, selon elle, portent désormais le poids d’une nation entière. « Ce n’est plus juste un jeu. C’est la promesse d’un pays qui veut se redresser. »Le Grand Tour : une fenêtre sur l’Amérique latine
L’entretien fait partie de la série « Grand Tour » de Le Grand Continent, un projet annuel qui explore les cultures à travers les yeux de journalistes français. Cette année, c’est le Brésil qui est mis à l’honneur. L’article est accessible dans les sections « Amériques » et « Entretiens » du site, et sera archivé comme un document précieux sur les liens culturels entre la France et l’Amérique latine. « Ce n’est pas un reportage sur le Brésil », précise le rédacteur en chef. « C’est un miroir. Ce que Coudray voit, c’est aussi ce que nous, Européens, refusons souvent de voir : la beauté dans la vulnérabilité. »Un lien qui dépasse les frontières
Anne-Claire Coudray n’est pas une journaliste qui visite. Elle s’installe. Elle apprend. Elle écoute. Et elle revient. Parce qu’à Rio, elle ne se contente pas de regarder la ville. Elle y respire. « Je ne suis pas brésilienne. Mais je suis devenue une partie de ce que j’aime chez eux. »Frequently Asked Questions
Pourquoi Anne-Claire Coudray ressent-elle une telle connexion avec Rio ?
Elle y a vécu des expériences profondes : le drame de la Coupe du monde 2014, la transcendance du carnaval, et une forme de chaleur humaine qu’elle ne retrouve pas ailleurs. Rio, pour elle, n’est pas une destination touristique, mais un espace émotionnel où elle se sent vue, acceptée, vivante. Ce lien dépasse la simple admiration culturelle — c’est une forme d’appartenance.
Comment le football a-t-il changé après la défaite 1-7 contre l’Allemagne ?
Avant 2014, le football était une source de fierté nationale. Après, il est devenu un fardeau. Les jeunes joueurs sont désormais perçus comme des porte-drapeaux d’une nation en quête de rédemption. Coudray observe que les supporters ne crient plus seulement pour gagner, mais pour ne pas décevoir. Ce changement de pression a transformé la relation entre le peuple et ses héros sportifs.
Qu’est-ce que les « blocos » dans le carnaval de Rio ?
Les blocos sont des défilés populaires, organisés par des quartiers, sans autorisation officielle. Contrairement au carnaval officiel, ils sont plus spontanés, plus locaux, et plus physiques. Ils rassemblent des milliers de personnes dans les rues, avec des groupes de musique, des costumes artisanaux, et une énergie collective intense. Coudray les décrit comme une forme de méditation en mouvement — où l’individu disparaît au profit du groupe.
Pourquoi Le Grand Continent a-t-il choisi Anne-Claire Coudray pour cette série ?
Parce qu’elle incarne un journalisme d’immersion. Elle n’est pas là pour interviewer des experts, mais pour vivre les événements. Son expérience avec TF1 lui donne une crédibilité, mais c’est sa capacité à se laisser transformer par les lieux qui la distingue. Son récit n’est pas objectif — il est sincère. Et c’est exactement ce que cherche la série « Grand Tour » : des récits humains, pas des bulletins d’information.
Quel impact a eu cet entretien sur la perception du Brésil en France ?
Il a déplacé le regard : de la fascination pour les plages et les fêtes à une reconnaissance de la complexité émotionnelle du pays. Les lecteurs français ont réagi en masse sur les réseaux sociaux, partageant leurs propres expériences au Brésil. L’article est devenu un point de référence pour les étudiants en études latino-américaines et les voyageurs cherchant une compréhension plus profonde que les guides touristiques.
Est-ce que Coudray prévoit de revenir au Brésil pour la Coupe du monde 2026 ?
Elle ne le dit pas explicitement, mais elle évoque avec une certaine nostalgie la possibilité. « Si je suis encore en forme, et si le Brésil est encore là, je serai là aussi. » Elle ajoute que la Coupe du monde n’est plus pour elle un événement sportif, mais un rendez-vous avec une part d’elle-même. Rio, dit-elle, ne l’a jamais laissée partir.